dimanche 29 mai 2016

Ghannouchi a beau louvoyer, la chariaa reste son unique programme !

Le Frère musulman Ghannouchi peut changer de stratégie, mais son objectif reste inchangé. Comment pourrait-il en être autrement s'il renonçait à ce qui fonde l'organisation internationale des Frères musulmans : il se renierait en reniant ses fondamentaux, s'il abandonnait la raison d'être de ce parti dont le slogan est : " Le Coran et la chariaa sont la solution " !
D'ailleurs l'histoire de ce prétendu militant plutôt opportuniste, en est la preuve !!
Alors qui Ghannouchi pense-t-il duper : les Tunisiens ou les Occidentaux ?
Car l'islamisme modéré, cela n'existe pas !
R.B 
Afficher l'image d'origine

Tunisie : l’islam est-il une variable d’ajustement politique ?


Plus de quarante ans après l’émergence de l’islamisme en Tunisie, Rached Ghannouchi, président et cofondateur du parti Ennahda déclarait dans un entretien accordé au Monde, mercredi 18 mai, qu’« il n’y a plus de justification à l’islam politique en Tunisie ». Une déclaration historique confirmée par le dixième congrès d’Ennahda qui s’est tenu du 20 au 22 mai, à Hammamet, et a officiellement consacré la séparation entre la prédication religieuse et l’action politique. Une orientation stratégique en débat à l’intérieur du parti islamiste depuis le dernier congrès de 2012. Mais qui remonte bien plus loin dans l’histoire.



Fin des années 1950, la Tunisie à peine indépendante est tirée par le « combattant suprême », Habib Bourguiba, vers un modèle de société occidentalisée : mixité, abolition de la polygamie, appel à l’arrêt du jeûne durant le ramadan, Code du statut personnel (CSP, un arsenal législatif promouvant les droits des femmes)… La liste est longue. Les élites religieuses et arabisantes font les frais de cette politique. Les postes administratifs et gouvernementaux reviennent aux francophones bilingues. Ces orientations ont été interprétées par une frange de la société tunisienne comme une renonciation à l’identité musulmane et à une remise en cause des traditions.

Alliance de la Zitouna et des Frères musulmans

En réaction, un mouvement composé d’oulémas de l’ancienne université religieuse de la Zitouna et de jeunes militants inspirés par l’idéologie des Frères musulmans s’est structuré pour prôner un modèle de société musulmane et conservatrice. Une sorte d’alternative à ce projet de société considéré comme aliéné par la colonisation d’abord, puis par Habib Bourguiba.
Petit à petit, la prédication se déploie dans l’Association pour la sauvegarde du Coran et dans les mosquées. Ainsi la pierre fondatrice de la mouvance islamiste est la prédication et la défense de « l’identité musulmane ».

Progressivement, le mouvement se politise et se rapproche de plus en plus de la mouvance des Frères musulmans, fondée en 1928 en Egypte. L’islam est désormais défini comme un système global où la prédication religieuse se conjugue à des actions politiques et sociales. Durant cette période, les stratèges du régime de Bourguiba perçoivent le groupe islamique comme un contrepoids à la montée de la gauche au sein de l’université.
Il faudra attendre la fin des années 1970, marquée par la révolution islamique en Iran, mais aussi par une vague de mouvements sociaux en Tunisie pour que la mouvance islamiste se place ouvertement dans l’opposition, politique cette fois. Ses dirigeants sont poursuivis et emprisonnés. Idéologiquement, le mouvement évolue et s’adapte aux évolutions politiques et sociales. Rached Ghannouchi défend désormais dans ses écrits certains droits des femmes – présentés comme un acquis islamique et non « bourguibien » –, la mixité et l’action syndicale. Des valeurs décriées quelques années plus tôt et considérées comme contraires à l’islam.

Ennahda face à la répression de Ben Ali

Ce n’est qu’en 1981 que le Mouvement de la tendance islamique (MTI, l’ancêtre d’Ennahda) se constitue en parti politique. Déclaré illégal, il engage un bras de fer avec le régime. C’est à ce moment-là qu’il multiplie les appels à la fondation d’un Etat islamique et à l’abrogation du Code du statut personnel, jugé contraire à la charia.

En novembre 1987, c’est le « coup d’Etat médical ». Le premier ministre Zine El-Abidine Ben Ali renverse le président Bourguiba au prétexte de sa santé déclinante. Le MTI devient le mouvement Ennahda, renonce à la référence à l’islam dans sa nomenclature et annonce son acceptation du CSP pour obtenir une reconnaissance officielle. Mais ce n’est pas suffisant. Dès 1989, Ben Ali amorce un tournant autoritaire et Ennahda subit la répression la plus violente de son histoire.

Le rapport entre le politique et le religieux dans le parti va à nouveau être discuté au sein de la plate-forme de la coalition du 18 octobre 2005 entre Ennahda et des partis d’opposition démocrate et d’extrême gauche. Les différentes forces politiques d’opposition ont pu se retrouver et échanger leurs positions, ouvrant ainsi la voie à la recherche d’une base commune par le compromis. Les islamistes signent par écrit leur engagement à respecter le CSP et renoncent à l’application de la charia. Encore une fois, ils ont recours aux arguments religieux pour justifier leur revirement. Néanmoins il n’y a pas eu de débats au sein du parti Ennahda, ses membres vivant dans la clandestinité ou sous haute surveillance étant dans l’impossibilité de se réunir.

L’expérience du pouvoir

Advient la révolution en 2011 et la chute de Ben Ali, contraint à l’exil. Ennahda, fort de son capital militant, arrive premier aux élections de l’Assemblée constituante. Jusque-là parti d’opposition, il va faire l’expérience du pouvoir. C’est à ce moment que les différentes tendances d’Ennahda se réunissent et se découvrent. Sadok Chourou, un élu de la Constituante, propose d’inscrire la charia comme « source principale de la loi » en février 2012.
La charia est-elle un texte divin sacré ou le résultat d’une interprétation humaine, donc discutable ? Le débat divise le pays. Les manifestations pour et contre la charia se multiplient. Mathématiquement, Ennahda aurait pu fairevoter cet article avec l’appui d’autres élus, mais Rached Ghannouchi, président du parti, coupe court à la polémique. Dans une stratégie d’apaisement, Ennahda renonce à l’inscription de la charia dans la Constitution.

En tant que parti désormais au pouvoir, il doit composer avec ses alliés dans le gouvernement, mais aussi avec les autres formations politiques et sociales dans le pays. Pourtant, Ghannouchi rassure sa base en affirmant que l’islam continuera à jouer un rôle dans la législation en se référant à l’article premier de la Constitution : « La Tunisie est un Etat libre, indépendant et souverain, l’islam est sa religion, l’arabe sa langue et la République son régime. Le présent article ne peut faire l’objet de révision. » Ce qui implique que ce sont les rapports de forces dans le pays qui vont définir la place de la religion en politique.
Le neuvième congrès d’Ennahda, en 2012, abordait la question de la relation entre le religieux et le politique sans la trancher. Il aura fallu deux ans de discussions au sein du parti pour qu’Ennahda se déleste d’une partie de son identité et du rôle de prédication religieuse qu’il s’était donné à ses débuts.
Les questions de choix gouvernementaux, des modalités de l’alliance avec l’ancien régime et la construction interne du parti ont donc fini par prendre le dessus au sein d’Ennahda. Mais, comme se plaît à le répéter Rached Ghannouchi : « La Constitution n’interdit pas aux imams de s’exprimer sur la politique. »

samedi 28 mai 2016

La France berceau de la laïcité, bastion à pendre pour les Frères musulmans !

Les Frères musulmans sur tous les fronts : en Orient mais aussi en Occident à commencer par la France, bastion de la laïcité qu'ils espèrent prendre ... et qu'ils prendront si les français n'y prennent garde. Et si cela arrive, l'Occident sera victime du monstre qu'il a soutenu depuis le début pour nuire au monde dit "arabe"; car le wahhabisme qu'il a soutenu pour contrer le communisme chez les "arabes", est entrain de s'installer chez lui aussi. Ainsi l'arroseur sera arrosé !
R.B

Afficher l'image d'origine

Mezri Haddad

Tariq Ramadan veut la nationalité française : sa stratégie politique vise le pouvoir


Tariq Ramadan va demander la nationalité française. C'est en tout cas ce qu'il a déclaré dans une interview accordée à Libération. Une déclaration à laquelle a réagi Manuel Valls, affirmant qu'il n'y avait "aucune raison" de la lui donner. Mezri Haddad, philosophe et président du Centre International de géopolitique et de Prospective Analytique (CIGPA), décrypte la stratégie de Tariq Ramadan.


Interrogé par Libération sur les raisons de sa demande de la nationalité française, celui que certains continuent d’appeler "professeur à l’université d’Oxford" a rétorqué : 

"C'est ma réponse à toute la classe politique qui est sourde à des propos qui sont tenus depuis 25 ans sur le terrain. Le débat sur la déchéance de la nationalité a, de fait, accéléré ma réflexion".

La réponse du berger à la bergère est venue de Manuel Valls : "Il n’y a aucune raison pour que M. Tariq Ramadan obtienne la nationalité française. Quand on aspire à être Français, c’est qu’on aspire à partager des valeurs".

Son discours n’a pas évolué d’un iota

Pour les vingt ans sur le terrain, elles ont été en effet laborieuses et bien fructueuses pour endoctriner une jeunesse franco-musulmane en mal de vie et en quête d’identité, comme si la française ne lui était plus suffisante.

Que de chemin parcouru entre le Tariq timide de l’année 1985, dialoguant avec une quinzaine d’étudiants dans un petit local associatif de la rue de Vaugirard (j’y étais), et le Ramadan arrogant de 2016 au Bourget, galvanisant des citoyens et citoyennes de la diversité barbue et voilée.

Un saut quantitatif et non guère qualitatif car, du début de sa carrière de missionnaire jusqu’à sa dernière homélie au Bourget, son discours n’a pas évolué d’un iota. Tout au plus s’agit-il d’un changement terminologique dans la continuité théocratique.

Il choisit soigneusement ses contradicteurs

Cet énorme bond en avant, le prédicateur suisse le doit certes à sa maîtrise de la langue de Voltaire et à sa casuistique bien rodée.

Mais il le doit surtout au laxisme des gouvernements successifs, à la fragilité existentielle et même psychologique d’un grand nombre de jeunes socialement déclassés et intellectuellement déculturés, et surtout aux énormes moyens financiers mis à sa disposition par le même émirat qui avait payé pour lui la création de la Chaire d’islamologie à Oxford, ce qui lui vaut l’estampille phosphorescente et anesthésiante de "professeur à Oxford".

Sa notoriété, il la doit aussi à certains médias français philo-islamistes et à l’islamo-gauchisme bien prononcé. Depuis plus de dix ans, le prédicateur oxfordisé est la coqueluche des télévisions et des grands quotidiens parisiens.

Certains avaient bien simulé quelques débats contradictoires avec Sieur Ramadan, mais ce polémiste choisit toujours soigneusement ses contradicteurs, qu’ils soient politiques ou intellectuels. On ne l’a jamais vu en face du grand herméneuticien Mohammed Arkoun, ou du jeune philosophe Abdenour Bidar, ou de votre serviteur.

C’est finalement en Tunisie que le flamboyant prédicateur a été à court d’arguments dans le débat qui l’a opposé aux vieux Mohamed Talbi.

Islamo-gauchisme

Je n’ai pas mis islamo-gauchisme entre guillemets parce que, contrairement à la légende médiatique récemment synthétisée par "Libération", cette expression n’est pas de Jean-Marie Le Guen, ni d’Elisabeth Badinter, ni d’Alain Finkielkraut, ni de Pascal Bruckner, ni même de Pierre-André Taguieff.

Comme l’expression "islamo-fascisme" qu’on a attribué à Manuel Valls, le concept d’islamo-gauchisme est de l’auteur de ces lignes, dans un mémoire universitaire soutenu à la Sorbonne en 1989 et intitulé "L’idéologie communiste et l’islamisme", dans lequel j’avais démontré tous les points de convergences entre le totalitarisme rouge et le totalitarisme vert.

Mais dans leurs recherches en paternité, les journalistes n’ont pas l’habitude d’aller fouiller dans les archives de la Sorbonne mais dans l’encyclopédie d’internet !

La nationalité est une faveur de l'État

Même s’il a provoqué l’ire des vierges effarouchées, Manuel Valls a parfaitement raison de ne pas vouloir donner la nationalité française au prédicateur suisse et disciple du faux sheikh et vrai antisémite, Youssef Qaradawi

Comme le stipule la Constitution, la nationalité ne relève d’ailleurs pas d’un droit mais d’une faveur de l’État. Mieux encore, lui refuser la nationalité relève effectivement de la Raison d’État, non seulement parce que ses dogmes sont aux antipodes des valeurs républicaines, mais parce que sa stratégie politique vise à long terme le pouvoir.

On devrait plutôt dire la stratégie des Frères musulmans dont il est proche et dont le but ultime est l’instauration d’un califat mondial, comme c’est écrit noir sur blanc dans leur corpus fondateur. Et dans cette conquête du monde, par quel pays commencer si ce n’est par l’ex-fille aînée de l’Église dont la déchristianisation a fragilisé les fondements spirituels et identitaires pour en faire une proie facile.

Dans le délire eschatologique des islamistes, la France est un pays à islamiser parce que c’est une nation déchristianisée.

Exploiter électoralement la diversité

Stimulé par un "printemps arabe", qui a viré à l'hiver islamiste, boosté par le triomphe du maire de Londres, le cheval de Troie des Frères musulmans en Europe estime que le moment est venu pour exploiter électoralement ces enfants de la diversité sanctifiée et de l’altérité sacralisée :

"Je ne suis pas sûr qu’on veuille réellement en France d’un islam autonome, tant du point de vue intellectuel que financier", a répondu Tariq Ramadan à son intervieweuse.

Moi non plus je n’en suis pas si sûr, mais avec la naissance très prochaine d'une nouvelle organisation de musulmans laïcs et républicains, on va tester en grandeur nature la sincérité de cette déclaration de Manuel Valls devant l’Assemblée nationale :

"Nous serons toujours aux côtés de ceux qui prônent l’apaisement et l’adhésion aux valeurs de la République" !




mardi 24 mai 2016

Un Ghannouchi peut en cacher un autre

Du 20 au 22 mai 2016 se tient à Radès et à Hammamet le Synode du mouvement islamiste Ennahdha où, depuis des mois, l’on nous annonce tambour battant, comme pour la plupart des conclaves religieux des deux derniers millénaires, des révisions doctrinales douloureuses, mais surtout des disputatio («moubâhala») non sur le sexe des anges mais, historique oblige, sur le rapport entre le sacré et le profane et l’éventualité d’une rupture entre «le politique et le religieux».
L’homélie finale d’Ennahdha, qui sera lue probablement dimanche avec la solennité qui sied à ce genre d’annonce, tient en haleine le monde entier, qui attend avec impatience la délivrance tant espérée; et où sera enfin proclamée la «césure» définitive entre «l’action politique et la prédication», autrement dit, les islamistes d’Ennahdha vont, à ce qu’il parait, jeter le froc aux orties, les hommes se raseraient la barbe et «reprendraient le rang dans le commerce du monde», comme on dit des hommes de religion qui quittent l’Eglise, leurs femmes se dépouilleront de leur accoutrement confessionnel et se teindront probablement les cheveux au henné, et tous ne s’occuperaient désormais que de l’action politique.
L’art de mener les Tunisiens en bateau
Pour faire comprendre aux nuls cette grande mutation que connaîtra, dans les prochains jours, l’islam politique en Tunisie, quelqu’un comme l’islamiste Houcine Jaziri, par exemple, ne sera plus élu à l’avenir – s’il le sera jamais – «parce qu’il craint Dieu» mais parce qu’il aura présenté un bilan positif de son mandat de député et réalisé des choses intéressantes au profit de sa circonscription.
Un autre exemple, Lotfi Zitoun, cerbère de la géhenne devant l’Eternel, ne sera plus autorisé à menacer de ses foudres les Tunisien(ne)s qui oseraient évoquer, en quelque manière que ce soit le Coran, ce seront ses amis Sadok Chourou et Habib Ellouze, «nouveaux gentils acteurs» de la «nouvelle société civile» prônée par Ghannouchi, à l’instar, rappelez-vous, de la «nouvelle culture» des salafistes, qui seront chargés par le Xe congrès d’animer de nouvelles associations chargées de rappeler aux Tunisiens, par l’intermédiaire de quelques imams de confiance, comme Ridha Jaouadi, que «le Coran est une ligne rouge».
Bien évidemment, on ne saurait trop insister sur le fait que tout ceci n’est qu’une vue de l’esprit, quand on ne connaît que trop la maîtrise de l’islam politique en général et des islamistes tunisiens en particulier dans l’art et la manière de «mener les opinions en bateau». La métaphore de la «safîna», la nef, dont Ghannouchi use et abuse, est à ce propos très révélatrice de ses intentions dissimulées et je laisse aux psychologues le soin de les décrypter.
Comme il fallait s'y attendre, dans pareilles occasions, les popes de l’islamisme politique du monde entier dont certains sont fichés comme terroristes par la police de leur pays, se sont rués sur Radès et Hammamet, jadis Mecque de la Jet Set européenne, et goûter aux délices des hôtels cinq étoiles qui avaient fait la réputation touristique de notre pays, frappée hélas de plein fouet depuis 5 ans par la violence meurtrière et les attentats sanglants perpétrés par des terroristes se réclamant eux aussi d’organisations gravitant dans l’orbite de l’islam politique comme Ansar Charia, Jund Al-Khilafa, Oqba Ibn Nafi, Daech, et j’en passe…
Figure tutélaire d’un islam politique pur et dur
Les observateurs, tant de l’extérieur que de l’intérieur du pays, sont nombreux à affirmer que le Xe congrès d’Ennahdha consacrera définitivement Rached Ghannouchi (75 ans le 22 juin prochain) comme président ad vitam aeternam du mouvement, contrairement à ce que prétendent certains titres de la presse mondiale, devenus de véritables thuriféraires de l’islam politique, et des responsables islamistes locaux cherchant à abuser l’opinion sur l’existence d’une véritable démocratie au sein d’Ennahdha dans la liberté des débats, dans la prise de décision, dans l’alternance à la tête du mouvement ou au sujet de l’ultime fiction évoquée plus haut, inventée par les islamistes sur la supposée «séparation entre la prédication et dimension politique», comme s’en est fait l’écho ‘‘Le Monde.fr’’ (1), le 19 mai 2016, dans un papier basé sur un entretien avec le leader d’Ennahdha, au titre hyperbolique confinant davantage à l’autosuggestion qu’au journalisme : Ennahdha "sort de l'islam politique " (2) ! 
Avec ce nouveau mandat à la tête du bureau exécutif, Ghannouchi entamera sa 37e année sans discontinuer à la tête de mouvement islamiste.
Figure tutélaire d’un islam politique pur et dur, à la fois faqîh (juriste expert en chariaa (3) ), leader politique et chef spirituel, il est devenu avec le temps une sorte de sphère autour de laquelle gravite tout un système politico-théologique sous des oripeaux civiques.
Après la révolution du 17 décembre 2010/14 Janvier 2011 et la victoire aux élections plus que douteuses d’octobre 2011, Rached Ghannouchi est devenu le centre de gravité de la vie politique en Tunisie.
Tableau 1 : Mâle dominant d’une meute de loups
L’accueil quasiment hiératique de Ghannouchi à son retour d’exil le 30 janvier 2011, littéralement emporté par une foule en extase entonnant ‘‘Al-Burda al-sharîfa’’, chant réservé uniquement au prophète Mouhammad.
Au moment ou ses pieds foulèrent la terre tunisienne après vingt ans d’exil, Ghannouchi a peut-être ressenti un léger frisson d’éternité ou la même émotion éprouvée par l’imam Khomeiny à son retour triomphal le 1er février 1979 dans un Iran débarrassé du Chah qui avait abandonné le pays – signe du destin ou simple coïncidence ? – un 14 janvier dans l’après-midi.
L’attrait qu’exerçait alors la révolution iranienne sur lui et en particulier la fascination du Mouvement de la tendance islamique (MTI) et l’effigie de l’imam Khomeiny continuaient probablement d’agir d’une manière insidieuse, comme si les ondes de choc de la séquence islamique révolutionnaire inaugurale en Iran retentissaient dans sa conscience. Il est probable qu’avec la conquête du pouvoir à Tunis en octobre 2011, le désir inavoué de construire une réplique maghrébine de la République islamique iranienne, à la dimension de ses rêves, avait pris forme.
Depuis l’accession de son mouvement islamiste au pouvoir, Ghannouchi n’eut de cesse de s’activer, tour-à-tour dans l’ombre ou en pleine lumière, sur plusieurs fronts à la fois. C'est lui qui par neveu interposé va faire qu'Ennahdha entrave un à un les articles de la Constitution qui ne correspondent pas au credo wahhabite. Ses élus font traîner en longueur les débats sur l’universalité des droits de l’homme, par exemple. Ils s’évertuent à sonder les profondeurs lexicologiques de la langue arabe pour amoindrir des concepts tels l’identité, l’universalité des droits, l’égalité entre les sexes avant de les inscrire dans la nouvelle constitution. Louvoyant pendant des semaines voire des mois entre les méandres du vocabulaire : «tajdhîr» au lieu de «ta’cîl», des valeurs de l’islam, «complémentarité» au lieu d’«égalité» entre l’homme et la femme, tentant sans relâche un passage en force pour inscrire un tant soi peu des éléments de la chariaa (droit religieux) en lieu et place du droit positif. Mène une guerre permanente contre l’opposition, contre la société civile, contre les institutions de l’Etat dont son parti avait la charge pendant trois longues années, contre les modernistes et les laïcs et contre les médias qui lui sont hostiles. Il persécute les journalistes, les artistes, les jeunes. Il lance des attaques en règle contre le syndicat des travailleurs et tous ceux qui refusent son diktat.
A chaque prise publique de parole, le président d’Ennahdha envenime un peu plus les choses; il donne, tel un oracle, ou plutôt le mâle dominant d’une meute de loups le signe de partir en chasse. En tant que chef de la meute, il apprend aux louveteaux à hurler. Il trace la voie à suivre à son gouvernement, fixe la ligne de son parti, déroule l’agenda des échéances nationales et indique également l’orientation à suivre à ses alliés de l’époque d’Al-Mu’tamar (CPR) et d’Ettakattol (FDTL) et d’aujourd’hui de Nidaa Tounes via Béji Caïd Essebsi, président de la république. Ce n’est que maintenant et seulement maintenant qu’on comprend sa défense acharnée de l’instauration d’un régime parlementaire – dont l’avantage pour lui, en réduisant à néant les pouvoirs du magistrat suprême, laisse un vide sidéral au sommet de l’Etat, qui ne sera comblé que par une espèce de «Dieu le Père» de «démiurge» ou de «Guide suprême inspiré», au-dessus de toutes les contingences, ne rendant compte à nul autre personne qu’à lui-même. Ce rôle lui revenait bien évidemment de jure, étant chef du parti majoritaire de facto et leader incontesté et incontestable de l’islam politique en Tunisie.
Tableau 2 : Une propension consommée à la mystification
La psychologie duelle de Rached Ghannouchi et l'effarante insensibilité aux contradictions en cascades du président d’Ennahdha (certains trouveront l’explication de cette pathologie dans le dédoublement de la personnalité ou dans la dissimulation («taqiyya»), règle fondamentale de l’islam en milieu hostile : «en matière de défense des intérêt, le mensonge devient licite», mais ils oublient que toute idéologie politique use du mensonge mais aucune ne le sanctifie comme le font les Frères musulmans.
Le mensonge constitue la preuve tangible d’une tactique fascisante. Le nazisme, le fascisme, le sionisme ... ont une propension naturelle au mensonge et à la mystification propre à toute idéologie totalitaire et à tout projet d’asservissement d’un peuple ou d’une nation.
L’homme politique Ghannouchi n’a cessé tout au long de sa carrière de prosélyte, de se mouvoir avec aisance entre ombre et lumière, de faire preuve d’une propension consommée de mystification confinant parfois à l’immoralisme et à l’indécence – deux semaines après l’assassinat de Belaid, il lança à la figure de tout un peuple, le célèbre: «Crevez de rage» de Wajdi Ghoneim – aux antipodes des régles du savoir vivre («makârim al-akhlâq») dont il se réclame, confirmant ainsi l’antienne que «toute idéologie politique dépourvue de morale se transforme en barbarie».
Tableau 3 : L’homme qui dit à la fois, une chose et son contraire

Considéré comme islamiste modéré par les Américains et par les Européens, il sait au fond de lui-même qu’il n’a jamais quitté son qamîs ni sa barbe de jeune salafiste.
Sous un autre angle, dire de Ghannouchi qu’il est un menteur, un mythomane ou un être duel, c’est mal le connaître. Il est en réalité un «politicien polyglotte», les nombreuses langues qu’il maîtrise correspondent aux différents âges de sa vie politique. Sous son apparence «plus musulman que moi tu meurs», se cache l'artiste du double langage. Il parle plusieurs langues à la fois. D’ailleurs, il commet rarement de lapsus lingus bien qu’il soit doté comme le commun des mortels d’une langue, sauf que la sienne est bifide comme celle d’un reptile. Mieux encore, elle est quadrifide, capable de traiter instantanément le même dossier par exemple en quatre langues différentes.
Ghannouchi est polyglotte, non au sens où il maîtrise plusieurs langues, mais en maniant avec habilité plusieurs langages ou «discours» en fonction des lieux, de la conjoncture, de l’actualité et de l’interlocuteur en face de lui. Comme on dit de quelqu’un qui maîtrise par exemple l’anglais, l’arabe, le français et l’allemand, etc... il a une aptitude hors du commun de décliner le même sujet en plusieurs langages, et de traiter plusieurs sujets parfois contradictoires dans un même et unique discours.
En tenant chaque jour un nouveau discours, Ghannouchi ne se contredit pas, «il parle en langues», non pas les langues (aux sens de lûgha/logos), car on l’a bien vu même après de longs séjours en France comme en Grande Bretagne, son français et son anglais sont demeurés gravement approximatifs.
Il exprime la même chose, mais déclinée chaque fois dans une nouvelle langue, d’où le désarroi des observateurs, des médias et de tous ceux qui scrutent ses faits et gestes, mais surtout de la masse des Tunisiens qui écoutent ses discours de propagande.
Il pratique une espèce de glossolalie, mais une glossolalie, ayant peu à voir avec le délire, rationnelle, brillante parfois, maîtrisée, consciente d’elle-même et bien structurée pour qui a à cœur d’en décrypter les codes. L'inconvénient c’est qu’elle est capable de tromper l’interlocuteur non vigilant, brouille son entendement et balaye toutes les idées reçues sur l’islamisme; et c’est là ou réside le drame : sa conversation au coin du feu avec des salafistes-jihadistes au siège de son parti, son calme imperturbable quand il leur exposait le plus sereinement du monde, l’art et la manière de s’y prendre pour démanteler les institutions de l’Etat, est à proprement parler effrayante, quand on sait que ces mêmes interlocuteurs ou leurs comparses ont exécuté froidement Chokri Belaid, Mohamed Brahmi et tué des dizaines de nos soldats et des agents de nos services de sécurité, que Ghannouchi traite de taghout (tyrans, rebelles aux lois d'Allah).
Cette séquence vidéo résume à elle seule toute l’histoire de la confrérie des Frères musulmans : une secte conspirationniste dont le sigle est un revolver posé sur un exemplaire du Coran. Cette séquence avait eu lieu probablement à la suite d’un entretien des plus civilisés et chaleureux avec un représentant allemand, britannique ou japonais au cours duquel…
Ghannouchi a discouru sans fin sur les sacrifices-consentis-par-les-islamistes-pour-faire-réussir-le processus-de-transition-démocratique, duquel il s’en fichait comme d’une guigne.
D’autres exemples : libéré en 1987 par le dictateur déchu, il portera ce dernier aux nues – «Avec Ben Ali Dieu le tout puissant a fait un don à la Tunisie» – scellant avec lui un pacte national, mais dans le même temps il complotait pour le renverser, croyant mettre à son profit le traquenard policier des élections de 1989. La suite, sera sa fuite honteuse à travers nos frontières avec l’Algérie dans un véhicule mis ironiquement à sa disposition par… son persécuteur.
Tableau 4 : Voltes-faces, faux semblants et opportunisme
Panarabiste et nassérien exalté au Caire; islamiste farouche après la défaite de Nasser; proche du parti Baath en Syrie; tablîghi auprés des immigrés de la région parisienne; kadhafiste en 1974 lors de la signature des accords avortés de Jerba; anti-kadhafiste après la vague de répression contre les Frères; panislamiste, partisan de Jaafar Al-Numayri et Hassan Tourabi au cours du procès à l’issue duquel l’intellectuel et homme politique soudanais Mahmoud Taha a été pendu; partisan du coup d’Etat du général ultra islamiste Al-Bashir; islamiste néo-ottoman à Ankara et ami de Recep Tayyip Erdogan, allant jusqu’à s’attribuer sa victoire (ses écrit traduits en turc auraient, d'aprés lui, inspiré le modèle politique islamiste au pouvoir en Turquie).
Ennemi juré du RCD, Ghannouchi, qui n’est pas à une métamorphose près, est devenu l’allié et le protecteur des ses dirigeants. Pourfendeur de Béji Caïd Essebsi («Il est plus dangereux que les salafistes», disait-il de lui) et de son parti Nidaa Tounes, devenu depuis ami intime du président actuel de la Tunisie et allié stratégique de son ex-parti Nidaa.

Rached Ghannouchi imperturbable opportuniste, multiplie les compromissions, les voltes-faces, les faux semblants et les retournements abrupts, indifférent aux critiques, sourd à la guerre silencieuse qui fait rage au sein de son parti, exposé à court ou à moyen terme au danger de l’éclatement, comme ce fut le cas pour Nidaa Tounes. Certains l’ont rêvé, mais Ghannouchi saura-il, au sommet de la gloire, exaucer ce rêve.



Note : 
1) Ce titre a été modifié pour devenir: Rached Ghannouchi : «Il n’a plus de justification à l’islam politique en Tunisie». On se demande pourquoi le journaliste ne lui a pas demandé premièrement en quoi cet islam politique était justifié avant cela, deuxièmement, est-ce qu’en Egypte, en Syrie, en Turquie, au Soudan et ailleurs, il trouverait encore sa justification. 
24 heures plus tard, le même Ghannouchi affirme exactement le contraire quant il annonçait, dans un entretien accordé au quotidien tunisien ‘‘Echourouk’’ qu’«Ennahda opérera une séparation entre la politique et la religion mais ne renoncera jamais à son référentiel islamique»… De deux Ghannouchi lequel il nous faut croire?

2) Les guillemets sont bien là pour souligner la citation mais aussi pour dissimuler un parti-pris favorable, pathétique, à propos duquel certains journalistes, étouffés par l’enfumage de la propagande des Frères musulmans, ne font plus mystère, comme on a pu le constater il y a deux ans à travers l’acharnement quasiment irrationnel de ce quotidien à faire porter la responsabilité de gazage de certains quartiers de villes syriennes aux troupes de Bachar Al-Assad, alors que ce crime a été imputé sans l’ombre d’un doute aux groupes terroristes.


3) Chariaa : somme des lois produites par les exégètes du Coran, des "hadiths" et de la "sira nabaouya" ( paroles et conduite du prophète Mouhammad) 

lundi 23 mai 2016

En Tunisie : L'avenir est aux voyous


On peut dire que ce qui est communément et injustement appelée « révolution », a été conduite essentiellement par des voyous.
Le cœur et le moteur de ce bordel ont été les voyous !

L’aventure avait commencé avec un ivrogne toxicomane, une balance, quelques marchandises et une brouette.

Elle continue de nos jours, pour uniques bénéficiaires les voyous :
- Ils occupent les trottoirs, les parkings;
- Ils monopolisent le commerce parallèle, la contrebande, les trafics en tout genre et un tas d’autres activités illégales;
- Dans le pire des cas, ils sont gardiens et agents de l’ordre dans un magasin ou une entreprise;
- Certains vétérans sont montés très haut dans l’échelle : devenus fortunés, ils sont incontournables et déterminants dans le cirque politique;
- D'autres, se sont autoproclamés "moujahidines" (soldat de la foi), particulièrement recherchés et demandés sur le marché du terrorisme, notamment pour leur cruauté et pour leur sadisme sans égal,
- Sur le marché local, c’est une véritable force de frappe, qui se vend au plus offrant;
- Tantôt ils sont des figurants dans une réunion ou une manif pour gonfler le nombre;
- Tantôt des casseurs, des briseurs de grèves, des saboteurs, des trafiquants, des contrebandiers, des voleurs et pilleur de magasins ... tout dépend de la nature de la commande et du prix à mettre par leur commanditaire;
- Apolitiques en général mais toujours opportunistes, ils ne distinguent pas entre les clients et répondent à toutes les demandes d’où qu’elles viennent, du moment qu'elles sont lucratives;
- Une sorte de milice moderne, une machine de subversion mobile, amovible, flottante, insaisissable comme les fantômes;

Ennahdha a tenté de grouper une partie des voyous dans une milice stable, structurée et organisée (LPR : Ligue pour la Protection de la Révolution), mais ça n’a pas marché et ça a suscité des controverses. Ce qui l'a obligée à abandonner le projet de "milice organisée", tout en gardant le contact, le financement, le contrôle et l’autorité sur bons nombres de ces voyous qu'elle utilise en cas de "difficultés politiques".

Le mot voyou, regroupe plusieurs catégories :
- Des délinquants, des bandits, des sans-travail, sans perspectives ni espoir, des toxicomanes en quête d’une dose ou d’une pilule,
- Et même des élèves et des écoliers qui jouent le jeu pour de courtes durées, assurant de mini missions !

Dans ce pays, les voyous ne chôment pas et les politiques ne peuvent s’en passer.

Heureux donc celui qui n’a jamais été à l’école, qui a un « beau palmarès » de voyou, un Bac+3 bien garni mais qui a fait de la prison !